Gazipur, Tongi et bien sûr Dhaka ont été mes principales destinations pour ce premier séjour au Bangladesh. Pour joindre ces 3 villes il s’agit de parcourir 50 km aller/retour. Une telle distance peut prendre 5 à 6 heures. Dhaka est un chantier à ciel ouvert, on y construit en même temps un métro et une autoroute aérienne. D’un coté d’une avenue on creuse, de l’autre, on plante des piliers pour supporter l’autoroute. Le code de la route Bengali est très simple : celui qui klaxonne a la priorité. En 1 semaines mon chauffeur n’a pas fait une seule rayure sur la voiture. Il a un super pouvoir dans ce pays où il n’y a pas d’auto-école ni de permis de conduire.
Avant d’aller plus loin, la partie conseils aux voyageurs. Quand tu prépareras ta valise pour le Bangladesh, tu mettras en premier dans ta valise 2 médicaments : du paracétamol et un anti-diarrhéique. Le vacarme de la circulation te procurera vraisemblablement une céphalée. Le paracétamol est indiqué dans ce cas précis. Pour ce qui est de l’autre médicament, il s’avèrera utile à la fin du séjour. Ton partenaire voudra te montrer la modernité de son pays. L’hôtel qu’il a gentiment réservé pour toi est muni à son 13ème étage d’un bar qui propose de l’alcool. Il te proposera de prendre un “Long Island“, un cocktail qui serait fait entre autres de whisky et de vodka. Lorsqu’il te l’amènera le serveur t’annoncera qu’il manque un ingrédient. Ce sera certainement l’alcool qui manquera. Pour compenser, le serveur rajoutera de la glace pilée… faîte avec de l’eau du robinet ayant stationné dans le frigo le plus propre du monde le temps de devenir glace pilée. Et le lendemain soir tu prendras l’avion de retour …
Bien se préparer, c’est aussi envisager ce genre d’inconvénients. Tu dois être prêt à des situations impressionnâtes. La confrontation avec cette extrême pauvreté qui pousse des hommes à survivre en pédalant au milieu des voiture sur des rickshaws surchargés, des enfants qui trient dans des champs poubelles, des mendiants qui ont l’air d’être les malheureux parmi les malheureux… Sur un séjour court d’une semaine se posera la question du décalage horaire. Faut-il se caler ou rester à l’heure européenne? Tu seras en avance de 5 heures, les mails pleuvront à partir de 14 heures jusqu’à 21/22 heures. Après tes 5 heures d’embouteillages et/ou de routes avachies et rencontres de clients qui cherchent de la qualité à bas prix, il y aura un temps à passer au moins pour quelques réponses et du classement. Tu ne pourras pas aller te coucher sans passer par cette étape. Le sommeil ne sera plus difficile à trouver.
Rien n’est impossible, mais il faudra gérer. Encore un point, tu dois te préparer à te faire arnaquer. On t’aura réservé une chambre que tu atteindras après 18 heures de voyage, on t’attend dans 2 heures dans le lobby. Tu te doucheras, tu te raseras, tu mettras un réveil et tu te coucheras. Le lit et tu t’endormiras instantanément. Le réveil te fera sauter dans tes habits, tu descendras. Discussion d’une heure et demi que l’on résume en 2 phrases simples “Il nous faut de la qualité bien sûr, mais des prix bas. On est un pays pauvre, il faut nous aider“. Et ils t’emmèneront chez un client pas loin, à 6 km. Client que tu atteindras 1 heures et 40 minutes après et qui t’expliquera qu’il lui faut de la qualité avec un prix inférieur à celui de son fournisseur actuel qui ne fonctionne pas si mal que ça.
Il ne te viendra pas tout de suite à l’esprit qu’ils t’ont refilé une chambre de standing moyen alors qu’ils vont facturer le supérieur. Quand tu seras rentré nettement plus vite, soit en 1 heure 25, tu vas faire comme en arrivant. Sauf que ça ne va pas marcher. La douche, le réveil, tu as même préparé tes vêtements, on est samedi, pas de mails. Tout pour t’endormir comme une pierre. Et non, tu n’auras pas remarqué que la chambre donne sur une avenue, un croisement et une gare. Tu n’auras pas entendu la climatisation qui fait un bruit de tracteur. L’idée te viendra assez rapidement à l’esprit. Mais bon, se rhabiller pour aller se prendre vraisemblablement la tête… Tu seras trop fatigué pour le faire. De toutes façons tu finiras par t’endormir lorsque le vacarme des Klaxons diminuera. Ce qu’il fera autour des 3 heures du matin. ça te laissera du temps, tu as rendez-vous à 8 heures.
Et tu sortiras de l’hôtel 15 minutes plus tôt que ce que tu avais envisagé. En effet ils ne discuteront pas en ce qui concerne un changement de chambre. Par rapport à ce que tu as subi une bonne partie de la nuit, tu ressentiras le calme. Je n’ai pas dit le silence, j’ai peur que cela n’existe pas à Dhaka. Mais c’est calme. Tu iras faire quelques pas, respirer l’air poussiéreux, essayer de déterminer des objectifs de promenade. Pas facile tout est fermé. Des chiens des rues dorment partout. Ne t’inquiète pas ton partenaire commercial habitué aux “latins” te téléphonera 10 minutes avant l’heure dite. Juste pour te rappeler qu’il faut vraiment partir à l’heure, sinon il y aura des embouteillages. Tu apparaitras 30 secondes après et lui ne sera pas plus étonné que ça.
Les embouteillages n’auront pas attendu vos 9 minutes 30 d’avance pour apparaître. Ils auront commencé depuis un moment manifestement. Au début, ce sera de la route goudronnée. Certes de nombreux creux et bosses seront présents compte tenu de saisons sub tropicales humides. Tu iras dans les environs de Gazipur. Depuis l’aéroport, Gazipur, c’est moins de 15 km. A chaque intersection, il faudra compter 5 minutes. Subitement ton chauffeur prendra une de ces intersection en slalomant entre les tuk-tuk, les rickschaws. Très rapidement le goudron laissera la place à la terre. En guise de bienvenue pour ta première journée complète la pluie de pré-mousson inondera les routes. Tu seras un peu fatigué certainement mais prends garde en sortant de la voiture, il y aura des flaques dans des nids-de-poule assez profonds parfois.
Enfin tu vas voir ta première usine de production au Bangladesh. Ton agent voudra d’abord montrer son européen à la direction. Tu devras te souvenir que tu as les chaussures mouillées et que la direction est en haut. Qui dit en haut dit escalier. Les Bengali ont la particularité de faire des escaliers farceurs. Les marches n’ont ni la même hauteur, ni la même inclinaison. Les indications ne sont pas toujours claires.
(*) Toute ressemblance avec des faits ou personnes ayant existé ou existants serait purement fortuite.
Une réponse sur « Bangladesh – Première fois (*) »
Merci Philippe pour ce partage passionnant qui me fait hautement apprécier mon métier de chauffeur en Occitanie 😂 tout en ayant un profond respect pour celui de chauffeur au Bangladesh 🙏 Keep safe my friend 🌞