Nous 4 installés autour d’un verre de Meursault, je débutais mon récit par mes difficultés de compréhension en allemand. Heureusement que les U.S.K. parlaient tous anglais, sinon ça aurait pu être plus compliqué. Paul qui finissait de regarder ses e-mails sur mon portable, m’a interrompu livide. Il venait de lire sur une des alertes auxquelles je suis abonné que les U.S.K. avaient été arrêtés. « Les 7 activistes de l’U.S.K. ont été neutralisés lors d’une intervention de la Grüne Abteilung (Brigade Verte) » finit-il de lire en me rendant le téléphone pour que je lise. « Ça veut dire quoi neutralisés ?». Et Jeanne apeurée « Tu ne leur as pas donné tes coordonnées au moins ? ».
Je n’ai pas eu le temps de confirmer qu’hélas si, j’avais donné mon numéro de téléphone ainsi que les leurs. La baie vitrée est partie en éclats et 10, 12 peut-être 15 types particulièrement impressionnants dans leur tenue de combat nous ont plaqués à terre et maintenus en position avec un genou dans le dos pendant qu’ils nous menottaient. Seule Edith restait debout au milieu de la pièce, elle pleurait. Elle m’a regardé:
« Oui, c’est moi… C’est moi qui leur ai dit que tu allais en Allemagne pour rencontrer les U.S.K. Après ils t’ont pisté et ont pisté les téléphones autour du tien, je ne sais pas… un truc comme ça…. J’en ai marre de me cacher, de ne pas dire ce que je veux à qui je veux…. Je veux vivre comme tout le monde…. Tu dis toujours que les hommes s’en sortent toujours… Alors de cette histoire d’écologie, ce sera pareil. Si c’est trop on trouvera comment changer…. Oui ça va freiner des développements, et alors ? Qui te dit que ça ne va pas en encourager d’autres meilleurs pour l’humanité ?… J’en ai assez, c’est fini… »
On a été emmenés chacun de nous dans 3 voitures différentes. Ils m’ont masqué la vue avec une cagoule, ce n’était pas loin, 10 minutes, maxi 15. Ils n’ont rien dit, m’ont laissé tout seul dans une pièce carrée où il y a un banc vissé au sol une porte et une ampoule au plafond. La salle est peinte en beige sale. J’ai peur. Parfois des cris, de l’agitation dans le couloir troublent le silence. J’ai peur…. et je pense à tout ça.
« Mais comment Edith peut-elle se tromper autant ?»
Philippe Baichette – Juin 2020
Une réponse sur « Matin vert – chapitre V »
Superbe chapitre, très fiere de mon père.