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Matin vert – chapitre IV

Fine cuisinière et gastronome, elle ne supporte pas les directives gouvernementales concernant ce qu’on doit manger ou pas. Mammifère omnivore comme elle aime se qualifier, elle entend manger varié, équilibré et sain. Pourquoi un secrétaire d’Etat à la santé publique saurait il mieux qu’elle ce dont elle a besoin ?

(vers le chapitre I)

De nous quatre, Edith est la moins critique quant aux politiques environnementales engagées. Elle répète tout le temps que les médias ne peuvent pas tous être complices, qu’il y a un consensus scientifique sur le réchauffement. Pour éviter la confrontation plus avant, elle prétend, certainement à juste titre, que le climat est un sujet dont on ignore à peu près tout et que beaucoup parlent à tort et à travers. Elle s’agace de ces météorologues du cataclysme à venir mais au fond elle dit que faire les efforts demandés ne peut pas faire de mal.

Fine cuisinière et gastronome, Edith ne supporte pas les directives gouvernementales concernant ce qu’on doit manger ou pas. Mammifère omnivore comme elle aime se qualifier, elle entend manger varié, équilibré et sain. Pourquoi un secrétaire d’Etat à la santé publique saurait il mieux qu’elle ce dont elle a besoin ? Elle en est venue à militer suites aux campagnes contre l’huile de palme.

L’arrêté imposant que tout produit alimentaire soit composé d’au moins 25% de produits biologiques, l’a motivée à monter des mouvements de protestation. Quelques jours après l’adoption de la loi limitant la consommation hebdomadaire de viande à 150 g par adulte, 100 g par enfant de moins de 13 ans, les organisateurs de la grande manifestation « Mon assiette – Ma liberté » pouvaient apprécier la capacité de travail et d’organisation d’Edith. Cette restriction faisait suite à une série d’impositions toutes plus contraignantes les unes que les autres : 50% de biologique dans la restauration, obligation d’approvisionnement local, interdiction des produits transportés en avion, etc.

Mais être militant contre les directives du « Comité Citoyen Ethique Durable et Inclusif » est devenu très compliqué. Une simple imprudence et on est dénoncé. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a perdu son travail dans le laboratoire agro-alimentaire dans lequel elle était responsable des analyses. Elle a été dénoncée par un collègue et l’enquête qui a suivi a forcé son patron à la licencier. Il lui a annoncé qu’il ne pouvait pas prendre le risque de garder une personne qui conteste sans cesse les recommandations nutritives du C.C.E.D.I.

Elle a eu du temps pour encore plus d’actions militantes avec en point de mire la grande manifestation. Le parcours avait été déposé à la préfecture par les dirigeants de l’association et, bien qu’interdite, la marche avait débuté.

Le cortège à peine lancé, les dirigeants, dont Edith, ont été interpellés et arrêtés. La manifestation avait été interdite pour « troubles aux valeurs écologiques du pays » et, ceux qui avaient bravé l’interdiction en dépit de la notification ont été jugés en comparution immédiate. Le reste des manifestants a été dispersé à coups de jets d’eau et de gaz lacrymogènes. Le juge a offert le choix entre une peine de 15 jours de prison ferme et 30 jours de Travaux d’Intérêt Écologique et Citoyen. L’audition et le rendu du jugement ont duré moins de 5 minutes. Edith a commencé sa peine la semaine dernière. Elle n’a pas dit pas grand-chose sur ce qu’elle fait. Elle s’en sort par un « C’est nul, c’est du bourrage de crâne, il n’y a rien à dire ». Elle a l’air soucieuse depuis le début des T.I.E.C. Il faut que je lui demande tout à l’heure quand on se retrouvera seuls.

Ce soir nous recevons Jeanne et Paul. La nuit dernière je suis rentré d’Allemagne où j’ai pu prendre en contact avec les ‘”Umwelt Schutz Kritiker” (les U.S.K. comme ils aiment à se faire appeler). C’est un groupe de 7 personnes ils communiquent uniquement avec Telegram, la dernière messagerie libre. Ils sont comme nous : peu nombreux et dans la crainte d’une dénonciation. Cette rencontre était un premier contact avec des gens libres qui refusent la pensée unique écologiste. Je bous d’impatience à l’idée de raconter cette grande première pour nous. Ensemble avec les U.S.K. nous pourrions obtenir ici quelques résultats médiatiques. Jeanne et Paul sont en retard, comme d’habitude…..

A Suivre….

(Vers le chapitre V)

Par baichette

Passionné de voyages, photos avec un téléphone et de vente.

2 réponses sur « Matin vert – chapitre IV »

Cooooolll. Reste plus qu’a attendre les assauts de la ökologische Polizeistaffel en vu de vous faire fermer votre superbe blogue contre le bien pensant ökologische .
Merde si on ne peux plus manger un steack de 220gr avec des frites suivi d’un bon munster accompagné d’une bonne bouteille de mont du Lyonnais ou va t on ? le problème est que cela risque de nous tombé sur le coin du carafon plus tôt que prévu avec ces zozo d’écolo d’appartement.

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