Paul était globalement en accord avec Jeanne et gardait son approche scientifique habituelle. A l’origine il avait constitué des dossiers avec des faits avérés sur l’état des connaissances humaines concernant les évolutions du climat sur terre. Il n’était pas rare lors de débats qu’il arrive à sortir éléments et sources de son smartphone et clouer le bec d’un gentil idéaliste tout à sa récitation de leçon en provenance de Green Peace ou d’autres organisations qui ont fait leur commerce de la peur verte.
Par jeu et par goût de la provocation, nous l’avons tous les 3 poussé à produire un argumentaire pour montrer les contradictions et impasses de la pensée actuelle. Il a compilé des masses de photos satellites sur des années pour démontrer que la fonte de la banquise n’est pas si évidente qu’elle est annoncée. Parmi ses bons dossiers il y avait celui du nucléaire qui s’avère, en dépit de 3 accidents majeurs, par rapport à tous les autres, le moyen de produire de l’énergie sans créer de CO2, le plus sûr en sécurité, santé, régularité… et la totalité des paramètres. Il avait des éléments détaillés sur tout : le bilan carbone des éoliennes comparé marque par marque, l’évolution de la performance des panneaux solaires mois par mois sur 15 ans… et une multitude d’autres.
Tout scientifique qu’il était, Paul a commencé à se pencher sur l’économie et a poursuivi ses argumentaires documentés sur les coûts additionnels liés aux énergies propres. Le chemin était pratiquement déjà fait pour arriver à la conclusion que les coûts économiques et écologiques des énergies vertes sont bien plus élevés que ce que l’on annonce. Et rapportés aux rendements réels pour la production électrique, ces coûts sont prohibitifs. C’est à cette époque où il a travaillé comme un fou pour lancer un site web. Il a passé des heures et des nuits à préparer plus de 50 articles avant d’envisager la mise en ligne de ses informations.
On a été effarés tous les 4. Le soir où Paul voulait présenter à l’Internet sa création qu’il avait entièrement codée, Jeanne et lui nous avaient invités à une fête d’inauguration. Il n’avait plus qu’à cliquer sur le bouton OK pour que l’Internet s’enrichisse du nouveau site de Paul. Il était le plus excité de nous tous et ça se comprend. Il voulait profiter un peu plus longtemps de ce moment et nous a fait attendre en nous racontant des anecdotes sur les obstacles qu’il avait dû surmonter pendant qu’il écrivait le code, ce qu’il avait appris, comment il avait résolu tel ou tel problème. Toujours est-il que quand il a validé la dernière étape avant la mise en ligne, rien ne s’est passé. Leur connexion Internet avait été coupée. Leurs 2 téléphones portables étaient également bloqués. Quand il a voulu se connecter sur l’hébergeur de son site web depuis mon smartphone, impossible d’ouvrir son compte, le mot de passe avait changé.
Nous en étions là lorsque 2 agents du Service de l’Utilisation Citoyenne de l’Internet ont sonné à la porte. Ils étaient porteurs d’une mesure de restriction juridique annonçant qu’ils avaient coupé tous leurs accès Internet pour 1 an. Les contrats en cours ainsi que les frais techniques restaient dus par Paul et Jeanne en plus d’une pénalité financière pour propagande antiécologique. L’amende et la peine étaient prévues par le Code de Préservation de la Terre entré en vigueur en Europe et Amérique sous la pression des foules de manifestants emmenés par les discours d’activistes les plus extrémistes en matière de protection de la planète.
La contrepartie positive est qu’on les a beaucoup plus souvent vus. Ils sont venus chez nous quasiment tous les soirs pour bénéficier d’Internet et lire leurs e-mails.
A suivre….