Grondements en ouverture, rapidement suivis d’échanges de paroles dans une langue inhabituelle et après 17 secondes la voix de Sting nous met en garde contre l’hystérie haineuse envers les russes qui monte en Europe et Amérique. La chanson “The Russians” a été publiée en novembre 1985 et la situation était bien différente à celle d’aujourd’hui. Le Mur de Berlin existait toujours et le bloc de l’ouest faisait directement face au bloc communiste. L’URSS s’enlisait dans une guerre sans issue en Afghanistan et déjà les USA armaient les sinistres talibans. Ronald Reagan qualifiait l’URSS « d’empire du mal ».
Aujourd’hui la la situation a bien changé à tous les points de vue : politique, économique, géographique… Près de 40 ans plus tard la haine entre Américains et Russes persiste toujours. Que les 2 pays se soient haï jusqu’à la fin de l’URSS en 1991 est historiquement compréhensible. Que la haine ait perduré si longtemps après, malgré tous les changements, est plus difficile à comprendre. Pour revenir sur la chanson « Mr. Khrushchev said we will bury you » (M. Khrouchtchev a dit nous vous enterrerons), suivi par la condamnation du propos « It would be such an ignorant thing to do, if the Russians love their children too » (Faire ceci serait montrer beaucoup d’ignorance, si les Russes aussi aiment leurs enfants). Plus de 50 ans après les discours de Vladimir Poutine au sujet de l’invasion de l’Ukraine ne sont pas très différents de ceux de Khrouchtchev .
Bien que différentes, les situations de 1985 et 2022 présentent des similitudes. « How can I save my little boy from Oppenheimer’s deadly toy? » (Comment puis-je protéger mon petit garçon du jouet mortel d’Oppenheimer). Oppenheimer est le physicien connu pour être le « père » de la bombe atomique américaine. La question nucléaire est hélas assez rapidement revenue sur le devant de la scène. Les vers « There is no monopoly on common sense, on either side of the political fence » (Il n’y a aucun monopole du bon sens d’aucun côté de la barrière politique) nous invitent à considérer les 2 points de vue.
Rien n’est totalement noir ou blanc. Les ukrainiens et les russes ont des raisons de se faire la guerre. Au final il importe moins de savoir qui a tort ou raison que de savoir comment ceux qui l’ont décidé vont arrêter ce conflit. « Quelle connerie la guerre » disait le grand Jacques Prévert. Combien de vies innocentes brisées? Combien de vocations de violence seront créées? Il ne faut que peu de mots à Sting pour résumer : « We share the same biology, regardless of ideology, Believe me when I say to you, I hope the Russians love their children too » (nous sommes biologiquement identiques, crois moi quand je te dis, j’espère que les Russes aussi aiment leurs enfants).
Il n’est pas facile de se faire une opinion sur la réalité de la guerre. Je me garderai bien de communiquer la moindre de mes analyse ou opinion dans ces lignes. Les plus grands spécialistes ont annoncé à peu près tout et son contraire, et (comme souvent) rien ne s’est passé comme envisagé. « There’s no such a thing as a winnable war, It’s a lie we don’t believe anymore » (Une guerre gagnable n’existe pas, c’est un mensonge que nous ne voulons plus croire). Les vainqueurs écriront l’histoire. Les civils auront de toutes façons perdu.
En 2010 lors d’un concert Sting a expliqué comment il en était arrivé à écrire ces paroles. Lorsqu’il était étudiant avec un ami bricoleur, ils avaient capté la télévision Russe. En raison du décalage horaire, il voyait que des émissions pour les enfants. Sans comprendre le Russe, Sting et son ami avaient été touchés par le soin apporté à la réalisation ainsi qu’à la douceur des programmes pour les plus petits. Il est vrai que quelqu’un qui aime ses enfants est moins effrayant qu’un communiste avide de sang de capitaliste… pour rester dans l’excès propagandiste.
Le chanteur rééquilibre son propos « Mr. Reagan says we will protect you » (M. Reagan dit nous vous protègerons). Ici aussi, le parallèle est saisissant avec les propos de Joe Biden et des dirigeants Européens qui comptent. On peut s’interroger sur les aides militaires américaine et européenne. Sont-elles de nature à apaiser les tensions ou les renforcer?
Et comment terminer cet article sans mentionner que la musique est issue de la suite orchestrale de Sergueï Prokofiev « le Lieutenant Kijé » datée de 1933. La carrière de la chanson dans les semaines et mois qui ont suivi sa sortie, a été plus que remarquable. Top 2 à 10 en Europe et Top 20 aux USA. J’ai envie de finir sur un simple « Peace & Love »
2 réponses sur « The Russians »
La guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens écrivait Clausewitz. Ce sont des jeux de pouvoir dont le simple troufion fait les frais.
Il est impossible d’accepter une guerre
Elle profitera à certains au détriment des plus pauvres
La raison est économique et c’est bien triste et nul n’est tout blanc ou tout noir mais il serait temps de l’arreter