Seul en Inde est certainement plus facile que seul en Russie. Les indications en Inde sont pratiquement partout en anglais. En Russie c’est différent, l’alphabet cyrillique complique la compréhension. Si on arrive à repérer que PECTOPAH veut dire « Restaurant » et que l’origine du est française, on peut peu-à-peu déchiffrer quelques mots. Les russes du fait de la guerre froide
Les clients sont étonnement pointus techniquement. Je ne pense pas avoir vu de clients qui en connaissaient autant sur le domaine qui me concerne. C’est une niche technique si compliquée, qu’il est souvent facile d’être brillant sans grande connaissance. Pas en Russie. Si on creuse un peu, c’est normal, le pays est sous embargo qui a engendré des droits de douane majeurs, les gens doivent comprendre pourquoi ils paient. Chaque détail est analysé et son utilité est mise en relation avec son coût. Donc ils étudient la technique et posent de sacrément bonnes questions. C’est en donnant des explications en anglais à mon collègue qui devait les traduire en russe que j’ai réalisé qu’ils comprennent l’anglais beaucoup mieux qu’ils le parlent. Une longue tradition d’écoute clandestine peut en être la raison, même si les séries américaines semblent être une raison plus vraisemblable.
Quand on voyage avec des collègues d’une filiale, on est un peu la personne qu’on a imposée à une organisation qui s’était très bien passé de nous jusqu’à présent. Il faut un peu de finesse pour apprivoiser ces gens qu’on vient embêter du haut de notre spécialité. Alors, et c’est valable partout, le visiteur est testé en connaissances et en endurance. Donc les visites sont faites chez des clients importants et / ou problématiques. Ce qui avec les barrières de la langue est souvent inconfortable. J’ai décidé d’en jouer et de poser toutes les questions possibles sous prétexte de risquer de ne pas comprendre.
Le test d’endurance en Russie est selon un principe simple. Rendez-vous petit-déjeuner à 7 heures que je qualifiais de confortable de prime abord. Mon premier conseil est de bien manger au petit-déjeuner parce que l’horaire du repas suivant peut aller jusqu’à 17h30-18h00. Horaire tardif qui ne décourage aucunement mes collègues, après l’arrivée en gare à Pskov à 22 heures 50, de trouver un restaurant et de manger un dîner roboratif. Ce qui nous mène facilement à 0h30 pour un retour à l’hôtel et un coucher un peu plus tard après quelques urgences gérées par mail. Alors le petit déjeuner à 7 heures devient moins confortable. Le lendemain et les jours qui suivent même chose avec en tout 7 heures de train pour 1 seul rendez-vous, ou alternativement 5 heures d’embouteillages pour 2 clients. Il faut un peu d’endurance, mais j’étais bien préparé.
A bientôt
(*) Garde-robe en cyrillique.