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La Grève

Si quelqu’un m’avait prédit « En 2021 tu rempliras toi-même une attestation sur papier libre pour dire que tu peux sortir pendant le couvre-feu en raison de tes activités professionnelles. Et tu la signeras pour confirmer que c’est bien toi qui t’autorises », je l’aurais pris pour un dément. Les certitudes d’aujourd’hui seront-elles valable demain?

Est-ce que le moment ne serait pas venu de nous mettre en grève ? Je ne parle pas de grève au sens où les syndicats français l’entendent et qui consiste à prendre en otage de milliers de passagers SNCF ou RER. Je pense plus au sens donné par Ayn Rand dans son ouvrage « La Grève ». Ecrit et publié aux Etats-Unis en 1957, ce « Atlas Shrugged » (Atlas haussa les épaules) n’a été traduit en français que très tardivement puisqu’il a fallu attendre 2011 pour qu’il soit enfin publié aux éditions Les Belles Lettres. Même si une version pirate a circulé dès 2009 sur Internet ça fait 54 ans tout de même. A la fin des années 1980 le livre est considéré aux USA comme la l’œuvre la plus influente de tous les temps après la Bible (Sondages pour La Bibliothèque du Congrès Américain et pour Book of the Month).

Le récit est intemporel mais peut être situé dans les années 1950 aux USA par ses aspects technologiques. C’est une critique de la pensée social-démocrate, interventionniste et collectiviste. La question posée est que se passerait-il si les entrepreneurs, les hommes et femmes d’esprit et tous ceux qui font « avancer » le monde se retiraient ? En l’absence de ceux qui soutiennent le monde (tel le Titan Atlas qui supporte le monde – Le titre original en anglais trouve ici sa signification) la société s’effondre. D’après l’auteur elle-même, Atlas Shrugged a pour thème le rôle de l’esprit humain dans la société. Elle décrit ce qui se passe lorsque la violence de l’Etat empêche l’esprit de fonctionner, soit directement, soit en poussant les hommes d’esprit, les créateurs de richesse, à refuser de servir la société qui trouve normal de les spolier des fruits de leurs efforts et prises de risques. L’intrigue met en scène des scientifiques indépendants, des entrepreneurs honnêtes, des artistes individualistes, des travailleurs consciencieux dont le retrait mystérieux provoque crises et catastrophes.

En prenant son poste de vice-présidente de la compagnie ferroviaire familiale Taggart Transcontinental, Dagny Taggart, est confrontées aux en difficultés économiques de l’entreprise. Rapidement elle conclue en la nocivité des multiples contraintes gouvernementales. Cependant elle commence à se poser des questions quant à la gestion des approvisionnements en acier nécessaire au déploiement de nouvelles lignes. Son frère, président de la compagnie, a la charge de ce dossier stratégique. Les mécanismes et conséquences néfastes du capitalisme de connivence sont disséqués au même titre que ceux du collectivisme, de l’étatisme et plus généralement de l’abus de pouvoir par les gouvernements. Une question revient tout le temps : « Qui est John Galt ? ». Au début elle signifie « ne posez pas de questions quand vous n’avez pas de réponse » ou plus simplement « pourquoi vous m’ennuyez » ou « quel est le problème ». John Galt est en fait la personne qui a organisé le retrait, la grève des entrepreneurs et hommes d’esprit. Ensembles et sous l’impulsion de John Galt, ils ont produit la société idéale dans un endroit secret caché dans un désert.

Il y a quelques pépites dans l’ouvrage, dont une au sujet de l’argent que l’on peut lire en cliquant ici. Comme on le voit il y a de la conviction. Des pages sur l’amour, l’honnêteté, le respect sont également à noter. L’ensemble est une critique des sociétés collectivistes, où l’intérêt général est prôné au détriment de l’intérêt particulier et par conséquence au détriment des individus. C’est une démonstration éclatante des échecs liés au socialisme qui mène toujours au désastre humain. Le livre entier est une ode à la liberté et en la foi dans le génie humain. La première liberté revendiquée est celle de prendre ses responsabilités. C’est un discours assez peu fréquent en ce moment.

Rien qu’en 18 mois d’épidémie de Peste 2.0, le gouvernement français a menti de multiples fois. On se souviendra des masques inutiles mais interdits à la commercialisation pour être rendus obligatoire partout. On se souviendra des trémolos dans la voix du président français quand il rendait hommage au dévouement des forces hospitalières. Les mêmes qui sont aujourd’hui ostracisés s’ils refusent la vaccination. Ostracisés jusqu’à être licenciés de la fonction publique par la loi à venir. Le vaccin n’est en aucun cas obligatoire mais sans celui-ci, il ne reste plus d’activité possible. Tout ceci sera contrôlé par un QR-Code d’abord sanitaire. Les établissements recevant du public devraient contrôler la santé de leurs clients. Quel commerçant va vouloir faire ça ?

Bien entendu, on peut rester optimiste et penser que tout ceci prendra du temps compte-tenu de la constitution et du secret médical. Cependant il convient de se méfier. L’histoire fourmille d’exemples de contrôle des populations et aucun ne s’est bien terminé. Il est temps de montrer à l’autorité que si la force est de son côté, le nombre est du côté de ceux qui subissent les décisions contradictoires qui se suivent.

Avons-nous beaucoup de possibilités? La première consiste à faire le dos rond et accepter peu ou prou la situation. Les conséquences de ce premier renoncement sont totalement inconnues. La résistance au gouvernement est possible bien que présentant peu de chances de réussite. La Grève. Réduire 2 ou 3 mois durant sa consommation au strict nécessaire. Chaque 1.00€ économisé représente 0.20€ de rentrées fiscales perdues pour l’Etat en TVA. La Taxe sur la Valeur Ajoutée c’est 43.9% des recettes de l’état français (20% du prix de la majorité de ce que nous achetons est reversé en TVA – En Suisse 7.7%). Au rythme auquel va la dette française une baisse de cette manne se verrait assez rapidement et le message entendu par ceux qui gouvernent. Ainsi les décisions seraient prises avec plus de considération pour la majorité (pour l’instant) silencieuse. Certainement suis-je un peu d’idéaliste, c’est vraisemblablement dû à ma jeunesse.

Gagner contre des gouvernements n’est pas chose facile. Il ne faut pas céder à la tentative de division pour mieux régner. Gardons-nous de juger les raisons d’autrui pour ou contre la vaccination. Si quelqu’un m’avait prédit « En 2021 tu rempliras toi-même une attestation sur papier libre pour dire que tu peux sortir pendant le couvre-feu en raison de tes activités professionnelles. Et tu la signeras pour confirmer que c’est bien toi qui t’autorises », je l’aurais pris pour un dément. Les certitudes d’aujourd’hui seront-elles valable demain? Laissons à chacun sa part de liberté de prendre ses responsabilités en se faisant vacciner ou pas. Ayn Rand a anticipé ce que deviennent les états centralisés ainsi que leurs débordements. Une lecture que je recommande vivement au moins comme avertissement au sujet de ce qui se joue.

(Image prise sur http://www.h16free.fr – Excellent blog à lire absolument)

Par baichette

Passionné de voyages, photos avec un téléphone et de vente.

6 réponses sur « La Grève »

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?

C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir a l’ombre même de la souveraineté du peuple.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.
Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent. »

Alexis de Tocqueville.

Ce texte dont j’ai mis un extrait m’a toujours frappé par la justesse de son analyse. Il fut écrit en 1840.

Félicitations. Je suis prof de science politique et je ne connaissais pas ce livre.
Je fais un cours sur le pouvoir et ses dangers depuis des années et je trouve cette référence particulièrement intéressante. Je partage votre analyse sur la situation aujourd’hui. J’aimerais beaucoup échanger avec vous sur le sujet si vous voulez bien, il me manque notamment la dimension économique des actions possibles, dont vous évoquez certains éléments très intéressants.
Anne Mandeville

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