I’m your Man

Plus de 45 ans de carrière musicale et plus de 50 de carrière littéraire. Un grand homme.

Génial écrivain, poète, parolier et interprète de ses propres textes Léonard Cohen a conservé une place particulière dans l’histoire de la musique pop. Il a débuté sa carrière de chanteur à l’époque des festivals de Woodstock et de l’île de Wright et bien que son univers musical et ses textes soient très différents de ceux des Who, Jimmy Hendrix, Jefferson Airplane, The Doors, Santana, Joe Cocker, etc. il a connu un succès plus que respectable en plaçant plusieurs albums dans le top 10 américain. La longueur de sa carrière est incomparable avec celle de la plupart des artistes ou groupes de l’époque. Passant entre Jimmy Hendrix et Joan Baez a Wright en 1970 sa prestation est particulièrement appréciée par la foule des festivaliers.

Adolescent il découvre la poésie de Federico Garcia-Lorca qui l’influencera tout au long de sa carrière et s’achète une guitare avec laquelle il apprend quelques accords. Il se rend vite compte que la guitare est un moyen d’attirer l’attention des filles. Né en 1934 dans une famille juive aisée, il grandit dans une banlieue chic de Montréal (Wesmount). A 17 ans il publie un premier recueil de poèmes dans la revue éditée dans l’université qu’il a intégré peu de temps avant. Ses études finies il voyage en Europe en commençant par Londres. Là il achète un imperméable bleu chez Burberry. C’est ce vêtement que l’on voit sur la pochette de l’album « Songs from a Room ». Il en est également question dans l’album « Songs of Love and Hate » dans le titre « Famous Blue Raincoat ». Cet imperméable lui sera volé lors d’un séjour au Chelsea Hotel à New York. Séjour durant lequel il aurait séduit Janis Joplin.

Besoin de solitude ou déjà la dépression (qui l’accompagnera tout sa vie), il n’a jamais trop dévoilé les raisons qui l’ont poussé à s’installer sur l’île d’Hydra en Grèce où il achète une maison en 1960. Sur l’île il n’y a ni eau courante, ni électricité, ni route. Il y écrit un premier livre « The Spice Box of Earth », puis un recueil de poèmes « Flowers for Hitler » et 2 romans « The favorite Game » et « Beautiful Losers ». Cette production littéraire reprend les thèmes que l’on retrouvera dans les textes de ses chansons le sacré, le profane, la religion, la sexualité, les difficultés des relations interpersonnelles. Le vocabulaire de ses livres est riche et lyrique comme celui de ses chansons. La langue employée est assez crue cependant.

Retour à la civilisation en 1966 où il s’installe à New York et il commence à chanter ses textes dans des festivals folk. C’est son ami July Collins qui fait de la chanson Suzanne un succès mondial. Malheureusement son arrangeur musical détourne les droits de la chanson en sa faveur et pendant plus de 20 ans Léonard Cohen n’a pas touché un centime pour cette œuvre qui se réfère à Suzanne Verdal l’ancienne épouse d’un ami sculpteur Armand Vaillancourt. Mais ça y est la reconnaissance est là. Il signe son premier contrat chez Columbia Records et le 30 avril 1967 il fait sa première apparition sur une scène New-Yorkaise. Cette même année sort l’album « Songs of Leonard Cohen » qui contient « Suzanne » et « So Long Marianne ». Ce dernier titre est dédié à sa muse Marianne Ihlen avec qui il est resté très proche toute sa vie. Elle est morte quelques semaines avant lui. Très noir cet album sera bien reçu par la critique.

Il présente en 1969 « Songs from a Room » qui est considéré comme l’album classique de Leonard Cohen. On y entend « Bird on a wire », « Story of Isaac », “Seems so long ago, Nancy” et “The Partisan” qui est partiellement chanté en français. En 1970 Leonard Cohen se produit plus de 100 fois sur scène. L’année 1971 voit la sortie de « Songs of Love and Hate », opus qui comprend entre autres les titres « Avalanche », « Last Year’s Man », « Famous Blue Raincoat » et « Joan of Arc ». Il poursuit ses tournées à un rythme effréné et épuisé doit se retirer de la vie publique en 1972 jusqu’en 1974 où il revient avec « New Skin for the Old Ceremony » dans lequel « Lover, Lover, Lover » est une pure pépite.

En 1977, produit par Phil Spector (sulfureux producteur emprisonné suite à un meurtre et décédé dans sa cellule en janvier 2021) sort l’album « Death of a Ladies’ Man ». La réalisation de cet album est très loin de l’atmosphère minimaliste habituelle de Leonard Cohen. Leonard a plusieurs fois dans des interviews renié cet album et n’interprète aucun des titres y figurant dans ses concerts. Son disque suivant « Recent Songs » sorti en 1979 passe assez inaperçu et est plus conforme à l’ambiance habituelle de Leonard Cohen. L’année 1982 est celle de sa rencontre avec la photographe Dominique Issermann qui deviendra sa compagne. « Various Positions » est un album mystique qui est présenté en 1984. On peut y entendre son « Hallelujah » qui devient un tube mondial et repris par des dizaines d’artistes. Il sort en 1988 l’album « I’m your Man » qui est dédié à Dominique. En plus du titre éponyme (voir plus bas), on trouve « First we take Manhattan », « Take this Waltz » qui est la retranscription d’un poème de Federico Garcia-Lorca. Sur la pochette de cet album on voit Leonard avec une banane.

Le magazine Les Inrockuptibles produit en 1991 un album hommage intitulé « I’m your fan ». Dans le livret on voit tous les participants poser avec une banane pour compléter l’hommage par un clin d’œil. Les Inrocks convoquent tous ceux qui comptent dans la scène alternative du moment : R.E.M., the Pixies, Geoffrey Oryema, Loyd Cole et entre autres le français Jean-Louis Murat qui interprète sa version traduite d’Avalanche avec une certaine classe. Après la sortie de « The Future » en 1994 il se retire dans un monastère Bouddhiste. Sa voix commence à faiblir et pour compenser il écrit des textes qu’il peut « parler » en musique. Ses albums suivants « Ten New Songs », « Dear Heather », « Old Ideas », « Popular Problems » et « You want it darker » annoncent la fin, un peu à l’image de David Bowie. Il fait son retour sur scène à 73 ans en 2008. En spectacle il est entouré de choristes et se produit désormais avec son chapeau Fedora sur la tête. Atteint d’une leucémie, il chante malgré tout en spectacle jusqu’en début 2016. En novembre de cette année, suite à une chute à son domicile il est hospitalisé et maintenu dans le coma mais s’éteindra le 7 novembre.

En conclusion, il me faut choisir une chanson et par là éliminer les autres. « I’m Your Man » a ma préférence. L’enregistrement ci-dessous a été pris en 2014 alors qu’il avait 80 ans… Quelle classe et quel talent. Tous les autres titres mentionnés dans l’article sont cliquables. Ça vaut le coup d’écouter et de lire Leonard Cohen.

Par baichette

Passionné de voyages, photos avec un téléphone et de vente.

5 réponses sur « I’m your Man »

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