
En 40 ans la Chine est devenue la 2ème puissance économique du monde. A la mort de Mao Zedong en 1976 la Chine était classée derrière le Maroc, donc plutôt loin du peloton de tête. Le miracle parait encore plus improbable si on considère que le pays est resté une République d’Etat Communiste à Parti Unique. Les autres exemples du communisme passés ou en cours (Venezuela, Cuba, Corée du Nord) n’ont jamais réussi autre chose qu’à appauvrir, opprimer, affamer voire tuer en masse leurs populations. Pendant ces 40 ans Shanghai a vu croitre plus de buildings que n’en compte Manhattan (qui a mis plus de 100 ans pour atteindre son niveau actuel), et de très nombreuses villes ont poussé dans les mêmes proportions. La production locale d’automobiles était en 2017 de 29,3 millions de véhicules (Europe 16,5 millions) et le pays est devenu le 2ème pays en matière d’innovations et de recherches.
Il y a eu ces derniers jours l’inauguration du pont le plus long du monde le HZMB (Hong-Kong Zhuhai Macao Bridge). 49 km de long avec un tunnel off-shore intermédiaire de 6,6 km pour permettre au trafic maritime d’accéder au port de Hong-Kong sans réaliser un pont trop haut qui aurait, compte tenu des contraintes de hauteur impliquées, pu gêner l’arrivée des avions sur l’aéroport. 2 x 3 voies sur la longueur et vitesse de circulation limitée à 100 km/h. 420 000 tonnes d’acier ont été utilisées (ce qui fait 130 tonnes par jour qui pour se donner une idée représenterait un cube d’acier d’un peu plus de 50 mètres de côté par utilisé par jour en moyenne !) et le coût total annoncé est de 850 millions € (6,75 milliards de RMB) l’ensemble a été terminé en 8 ans et 10 mois. Xi Jinping le secrétaire général du parti communiste (donc le chef suprême du pays) s’est félicité pour cette réalisation comme une nouvelle preuve du socialisme triomphant…. Plus de détails sur le pont en suivant le lien Wikipédia.
Durant mes voyages j’ai eu à fréquenter les trains rapides chinois et c’est également un motif de fierté nationale. La première génération (avec des numéros de trains commençant par D) roule à une vitesse commerciale de 280 Km/h et la deuxième (avec un G à la place du D) à 350 Km/h. Je n’ai eu à déplorer qu’une seule expérience de retard mais c’était en raison de chutes de neige supérieures à 1 mètre (je ne suis pas certain que le TGV aurait pris le départ avec 1 mètre de neige – j’ai déjà subi 4 heures de retard en France pour 2 sangliers suicidaires…). La discipline dans les gares est toute communiste : à l’entrée tous les passagers sont enregistrés grâce à la puce NFC incluse dans les cartes d’identités (pour les étrangers le passeport est scanné) avant de passer un contrôle de type aéroport. Ensuite avant l’accès aux quais il faut faire la queue en lignes – si on déborde un garde rappelle les passagers à l’ordre – pour enregistrer son billet au travers d’une borne automatique. Sur le quai on fait encore la queue en file indienne et des chefs de quai ramènent « les brebis égarées » dans la bonne ligne à grands gestes et coups de sifflet. Les trains en 2ème classe ont 5 rangées de sièges et on dispose d’autant de place que dans un TGV avec des prises pour recharger son portable ou son ordinateur.
Tout est paradoxal ici. D’un côté le parti unique, communiste de surcroit qui implique la surveillance au plus près des idées déviantes de la ligne officielle : caméras partout (si ça vous intéresse un lien vers un précédent billet mentionnant ceci), contrôle de l’Internet avec censure de certains sites américains (FaceBook, Google pour les plus emblématiques), présence policière très imposante et contrôles permanents de tout. A titre d’exemple le gouvernement a des équipes qui viennent contrôler les restaurants et fournissent des « agréments » A, B ou C.
L’état centralisateur est planificateur (apanage du communisme) est présent dans tous les secteurs industriels y-compris des domaines non réellement stratégiques pour un pays comme les machines d’imprimerie pour en citer un qui me concerne professionnellement. La propagande officiellement communiste est partout, et en dépit d’une doxa anticapitaliste on incite les gens à entreprendre, investir, créer des entreprises bref faire de l’argent. Ils sont très forts au niveau communication mais ça fait quand même un sacré grand écart.
Habitude ou résignation ? Aucun de mes contacts ne s’est jamais plaint du parti unique, du « flicage » de la population. Ils veulent gagner de l’argent, s’équiper, avoir des voitures, consommer…. Ils rattrapent à une vitesse vertigineuse le retard pris pendant la période communiste dure. Il sera intéressant de suivre l’évolution politique dans les prochaines années. Une fois les besoins les plus primaires assouvis, un niveau de confort atteint, les gens se mettront-ils à penser à la liberté ? A suivre donc.
A bientôt.