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Station to Station

Un hommage à David Bowie au travers de l’album Station to Station paru en 1976.

Avec ses 6 titres le 10ème album de David Bowie « Station to Station » est considéré comme un tournant dans la carrière de l’artiste. Dès sa sortie (23 janvier 1976) les ventes s’envolent, dans les charts il se classe 3ème aux USA et 5ème en Grande-Bretagne. Musicalement, il s’inscrit dans la continuité des sonorités Soul Music de « Young Americans » paru en 1975, mais il intègre des influences de groupes rock allemands (appelés ironiquement de Krautrock) tels Kraftwerk ou Neu !. Enregistré de septembre à novembre 1975 aux Cherokee Studios à Los Angeles avec l’excellentissime Carlos Alomar à la guitare rythmique, George Murray à la basse et Dennis Davis à la batterie. Paradoxalement, le mélange funk, soul, krautrock, occultisme, religion et balades romantiques font de « Station to Station » l’album de David Bowie à la fois le plus accessible et le plus impénétrable.

Bowie lui-même, confiera lors d’une interview en 1990 qu’il n’a aucun souvenir de l’enregistrement. A cette époque il vit à Los Angeles, entouré d’antiquités égyptiennes, dans une maison aux volets toujours fermés et éclairée de bougies. Il consomme des quantités incroyables de cocaïne et ne s’alimente que de lait et de poivrons rouges. Il vit dans un délire paranoïaque teinté d’occultisme (autour entre-autres des théories d’Aleister Crowley), de mythes religieux mélangés à la philosophie de Nietzsche. Un de ses biographe le décrit dans « un état de terreur psychique ». Au cours 1975 il interprète le rôle principal, celui d’un extraterrestre dans « The Man who fell to Earth » (l’homme qui venait d’ailleurs) du britannique Nicolas Roeg. C’est le personnage qui lui inspire le « Thin White Duke » qui apparait dès le premier titre qui porte le nom de l’album « Station to Station » (à écouter ici). Un morceau de plus de 10 minutes qui fait écrire au magazine Rolling Stone, 3 jours après sa sortie, que l’intégralité de l’album fera un flop. Une des plus mauvaises prédictions du mensuel !

Elégamment vêtu d’un complet noir et d’une chemise blanche, le Thin White Duke est le successeur des précédentes incarnations de David Bowie (Ziggy Stardust, Haloween Jack…). C’est un personnage creux qui chante des romances sans rien ressentir intérieurement. Bien que la chanson démarre sur un son de train au départ, les stations (gares en anglais) n’ont rien de ferroviaires. Il s’agit des 12 stations de supplice du Christ sur le chemin de Croix. Le Duke crève les yeux des adorateurs de Jésus dans sa quête de l’amour. Le vers « one magical movement from Kether to Malkuth » est une évocation de l’arbre de vie dans la religion Juive. Kether est le plus puissant des 10 Séphiroths (les 10 puissances créatrices) alors que Malkuth est le plus faible mais étant un attribut de Dieu, il a le plus de potentiel pour atteindre le sublime… Ici on retrouve la Kabbale, Aleister Crowley et ses théories. (Paroles à lire ici). Malheureusement pour le Duke, il est trop tard pour ressentir l’amour.

Ensuite vient la chanson « Golden Years » que Bowie annonce avoir proposée à Elvis Presley qui l’aurait refusée. Le son est dans la veine de « Young Americans » sortie l’année précédente. Le thème est celui des occasions manquées, des plaisirs perdus. (Paroles). Le single sorti fin novembre 1975 – avant l’album donc – se classe dans le top 10 des principaux charts dans le monde. Il y a eu de très nombreuses reprises de ce tube. Celle de Marylin Manson est une de mes préférées. (A voir là).

Golden Years est suivie par « Word on a wing » (paroles). Plongé dans sa paranoïa, elle-même alimentée par sa sévère addiction à la cocaïne, David Bowie s’adresse directement à Dieu. C’est un hymne religieux par lequel il demande la protection du seigneur contre les terreurs qui sont nées lors du tournage dans le film de Nicolas Roeg, « The Man who fell to Earth » (l’homme qui venait d’ailleurs). C’est le premier témoignage chanté de sa foi chrétienne. Il jouera la chanson sur scène pendant la tournée de promotion de l’album et ne l’interprètera plus jamais en public. Cependant dès lors il n’a jamais plus caché sa foi. Un des exemples les plus émouvant de cette foi est celui où il s’agenouille et prononce un « Notre Père » devant plus de 100’000 personnes lors du concert hommage à Freddie Mercury et aux victimes du SIDA le 20 avril 1992. A voir ici.

Il est temps de retourner le 33 tours. La face 2 débute avec « TVC15 ». C’est la chanson la plus enjouée de l’album. Le TVC 15 est un poste de télévision holographique qui a absorbé la petite amie du Duke. Il chante son désir de la rejoindre dans l’appareil. Les paroles lui auraient été inspirées par une hallucination que lui aurait raconté Iggy Pop. Ce dernier sous l’emprise d’héroïne aurait vu sa compagne absorbée par un téléviseur. Son personnage dans « The Man who fell to Earth » a également à faire avec des téléviseurs. (Paroles).

Le morceau suivant « Stay » s’ouvre sur un solo de guitare de Carlos Alomar. Les accords sont identiques à ceux de « John I’m only dancing » de l’album précédent. Le texte évoque les doutes et incertitudes liés à la conquête amoureuse du Thin White Duke. David Buckley, celui qui a réalisé la meilleure biographie de l’artiste, indique que dans ce titre David Bowie « se montre plus anxieux, plus vulnérable que dans aucune autre chanson ».

Rarement une reprise aura été autant supérieure à la version originale. « Wild is the wind » a été traduite du français pour Nina Simone. Le titre original « Car sauvage est le vent » est dans la bande originale du film éponyme sorti en 1957 et a été interprété originellement par Johnny Mathis. C’est un texte d’amour. A la fin de Station to Station il semble que le Duke ait enfin pu trouver l’amour…
Aujourd’hui cela fait 6 ans jour pour jour que nous apprenions le décès de David Bowie.

Par baichette

Passionné de voyages, photos avec un téléphone et de vente.

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